Les brûlures, bien au-delà de la douleur immédiate, peuvent engendrer une cascade de complications cutanées à court, moyen et long terme․ Ces complications ne se limitent pas à la cicatrisation; elles englobent un spectre de maladies de la peau qui peuvent affecter la qualité de vie des individus de manière significative․ Comprendre ces pathologies, leurs symptômes et les options de traitement est crucial pour une prise en charge adéquate et une minimisation des séquelles․

Classification et profondeur des brûlures

Avant d'aborder les maladies spécifiques, il est essentiel de comprendre la classification des brûlures, qui détermine en grande partie le risque et le type de complications cutanées․

  • Brûlures du premier degré : Atteinte de l'épiderme (couche superficielle de la peau)․ Caractérisées par une rougeur, une douleur et une absence de phlyctènes (ampoules)․ Généralement, elles guérissent sans séquelles․
  • Brûlures du deuxième degré : Atteinte de l'épiderme et d'une partie du derme․ Elles se manifestent par des phlyctènes, une rougeur intense et une douleur vive․ La guérison peut entraîner des cicatrices, particulièrement si l'atteinte du derme est profonde․
  • Brûlures du troisième degré : Destruction de l'épiderme et du derme․ La peau apparaît blanche, cartonnée ou noire․ La sensibilité est réduite ou absente․ La guérison nécessite souvent une greffe de peau et laisse des cicatrices importantes․
  • Brûlures du quatrième degré : Atteinte des structures sous-cutanées (muscles, os)․ Elles sont les plus graves et nécessitent une prise en charge chirurgicale complexe․

Maladies de la peau consécutives aux brûlures

1․ Infections cutanées

La peau, barrière protectrice naturelle, est compromise par les brûlures․ Cette rupture de la barrière cutanée ouvre la voie aux infections bactériennes, fongiques et virales․ Les infections sont une cause majeure de morbidité et de mortalité chez les patients brûlés․

Symptômes

  • Rougeur accrue autour de la brûlure
  • Douleur exacerbée
  • Présence de pus ou d'écoulement purulent
  • Fièvre
  • Odeur nauséabonde
  • Retard de cicatrisation

Traitement

  • Nettoyage rigoureux de la plaie avec une solution antiseptique (chlorhexidine, povidone iodée, etc․)
  • Application de crèmes ou d'onguents antibiotiques (sulfadiazine argentique, mupirocine)
  • Antibiothérapie par voie orale ou intraveineuse en cas d'infection systémique ou profonde
  • Débridement chirurgical des tissus nécrosés

Attention : L'utilisation excessive d'antibiotiques peut favoriser le développement de bactéries résistantes․ Il est donc crucial de suivre scrupuleusement les recommandations médicales․

2․ Cicatrices hypertrophiques et chéloïdes

Les cicatrices hypertrophiques et chéloïdes sont des anomalies de la cicatrisation caractérisées par une production excessive de collagène․ Elles se développent généralement après des brûlures du deuxième et troisième degré․

Cicatrices hypertrophiques

  • Apparence : Cicatrice surélevée, rouge et épaisse, mais restant confinée aux limites de la brûlure initiale․
  • Évolution : Elles peuvent s'améliorer avec le temps (plusieurs mois à années)․
  • Symptômes : Prurit (démangeaisons), douleur;

Chéloïdes

  • Apparence : Cicatrice surélevée, rouge ou violacée, s'étendant au-delà des limites de la brûlure initiale․
  • Évolution : Elles ont tendance à s'aggraver avec le temps et ne régressent pas spontanément․
  • Symptômes : Prurit, douleur, sensibilité․
  • Facteurs de risque : Peau foncée, antécédents familiaux de chéloïdes, tension excessive sur la plaie․

Traitement

  • Compression : Application de vêtements compressifs ou de pansements compressifs pour réduire la formation de collagène․
  • Gel de silicone ou plaques de silicone : Hydratation de la cicatrice et réduction de l'inflammation․
  • Injections de corticostéroïdes : Réduction de l'inflammation et de la production de collagène․
  • Cryothérapie : Congélation de la cicatrice pour réduire sa taille․
  • Radiothérapie : Irradation de la cicatrice pour inhiber la prolifération des fibroblastes (cellules responsables de la production de collagène)․ (Utilisation controversée en raison du risque de cancer)
  • Excision chirurgicale : Retrait de la cicatrice․ (Risque de récidive, particulièrement pour les chéloïdes)
  • Laser : Réduction de la rougeur et de l'épaisseur de la cicatrice․ Différents types de lasers peuvent être utilisés (laser à colorant pulsé, laser CO2 fractionné)․
  • Microneedling : Stimulation de la production de collagène pour améliorer l'apparence de la cicatrice․
  • Agents topiques : Crèmes à base de trétinoïne, d'acide azélaïque, d'acide glycolique (peuvent aider à améliorer l'apparence de la cicatrice)․

Remarque : Le traitement des cicatrices hypertrophiques et chéloïdes est souvent complexe et nécessite une approche multimodale․ Il est important de consulter un dermatologue ou un chirurgien plasticien pour obtenir un plan de traitement personnalisé․

3․ Démangeaisons (Prurit)

Les démangeaisons sont un symptôme fréquent après une brûlure, en particulier pendant la phase de cicatrisation․ Elles peuvent être très invalidantes et perturber le sommeil․

Causes

  • Libération d'histamine et d'autres médiateurs inflammatoires
  • Sécheresse cutanée
  • Repousse nerveuse anormale
  • Facteurs psychologiques (stress, anxiété)

Traitement

  • Hydratation : Application régulière de crèmes hydratantes et d'émollients pour lutter contre la sécheresse cutanée․
  • Antihistaminiques : Prise d'antihistaminiques par voie orale pour bloquer l'action de l'histamine․
  • Corticostéroïdes topiques : Application de crèmes à base de corticostéroïdes pour réduire l'inflammation․ (Utilisation limitée en raison du risque d'effets secondaires)
  • Capsaïcine topique : Application de crèmes à base de capsaïcine pour désensibiliser les nerfs․
  • Photothérapie UVB : Exposition de la peau à des rayons UVB pour réduire l'inflammation et les démangeaisons․
  • Gabapentine ou prégabaline : Médicaments utilisés pour traiter la douleur neuropathique (peuvent également réduire les démangeaisons dans certains cas)․
  • Thérapie comportementale : Techniques de relaxation et de gestion du stress pour réduire les démangeaisons liées à l'anxiété․

Conseil : Éviter de se gratter, car cela peut aggraver les démangeaisons et augmenter le risque d'infection․

4․ Troubles de la pigmentation

Les brûlures peuvent entraîner des troubles de la pigmentation, tels que l'hyperpigmentation (augmentation de la pigmentation) ou l'hypopigmentation (diminution de la pigmentation)․

Hyperpigmentation

  • Apparence : Taches brunes ou sombres sur la peau․
  • Causes : Augmentation de la production de mélanine (pigment responsable de la couleur de la peau)․
  • Traitement : Crèmes éclaircissantes à base d'hydroquinone, d'acide kojique, d'acide azélaïque, de rétinoïdes, peelings chimiques, laser․

Hypopigmentation

  • Apparence : Taches blanches ou claires sur la peau․
  • Causes : Diminution de la production de mélanine․
  • Traitement : Plus difficile à traiter que l'hyperpigmentation․ Options : corticostéroïdes topiques, photothérapie UVB, greffe de mélanocytes․

Protection solaire : La protection solaire est essentielle pour prévenir l'aggravation des troubles de la pigmentation․ Il est recommandé d'utiliser un écran solaire à large spectre avec un FPS d'au moins 30 et de l'appliquer généreusement et fréquemment․

5․ Rétractions cicatricielles

Les rétractions cicatricielles sont des contractions de la peau et des tissus sous-jacents qui peuvent entraîner une limitation des mouvements, une déformation esthétique et des problèmes fonctionnels․ Elles se développent généralement après des brûlures profondes, en particulier au niveau des articulations․

Symptômes

  • Diminution de l'amplitude des mouvements
  • Douleur
  • Déformation de la peau
  • Problèmes respiratoires (si la rétraction touche le cou ou le thorax)

Traitement

  • Physiothérapie : Exercices d'étirement et de mobilisation pour améliorer l'amplitude des mouvements․
  • Attelles : Port d'attelles pour maintenir les articulations en position étirée et prévenir la rétraction․
  • Greffe de peau : Remplacement de la peau cicatricielle par une greffe de peau saine․
  • Lambeaux : Utilisation de lambeaux de peau et de tissus sous-jacents pour reconstruire les zones rétractées․
  • Z-plastie : Technique chirurgicale qui consiste à inciser la cicatrice en forme de Z et à repositionner les lambeaux de peau pour allonger la cicatrice et relâcher la tension․

Prévention : Une prise en charge précoce et agressive des brûlures, incluant la physiothérapie et le port d'attelles, peut aider à prévenir les rétractions cicatricielles;

6․ Ulcères de Marjolin

Les ulcères de Marjolin sont des cancers de la peau (carcinomes épidermoïdes) qui se développent sur des cicatrices de brûlures chroniques․ Ils sont rares, mais potentiellement agressifs․

Facteurs de risque

  • Brûlures chroniques non cicatrisées
  • Inflammation chronique
  • Exposition aux rayons UV

Symptômes

  • Ulcère qui ne guérit pas
  • Croissance rapide
  • Saignement
  • Douleur

Traitement

  • Excision chirurgicale large
  • Chimiothérapie
  • Radiothérapie

Surveillance : Il est important de surveiller attentivement les cicatrices de brûlures chroniques et de consulter un médecin en cas de suspicion d'ulcère de Marjolin․

7․ Autres complications cutanées

  • Eczéma : Les brûlures peuvent rendre la peau plus susceptible à l'eczéma․
  • Photosensibilité : La peau brûlée peut devenir plus sensible au soleil․
  • Modifications de la texture de la peau : La peau peut devenir plus fine, plus sèche ou plus fragile․
  • Altération de la sensibilité : La sensibilité de la peau peut être diminuée ou augmentée․

Prévention des maladies de la peau après une brûlure

  • Soins appropriés de la plaie : Nettoyage régulier de la plaie, application de pansements adaptés et suivi des recommandations médicales․
  • Hydratation : Maintien d'une bonne hydratation de la peau en appliquant régulièrement des crèmes hydratantes․
  • Protection solaire : Utilisation d'un écran solaire à large spectre avec un FPS d'au moins 30․
  • Compression : Port de vêtements compressifs pour réduire la formation de cicatrices hypertrophiques et chéloïdes․
  • Physiothérapie : Exercices d'étirement et de mobilisation pour prévenir les rétractions cicatricielles․
  • Suivi médical : Consultation régulière d'un dermatologue ou d'un chirurgien plasticien pour surveiller l'évolution de la cicatrice et dépister d'éventuelles complications․

Les brûlures peuvent entraîner un large éventail de maladies de la peau qui peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie․ Une prise en charge précoce et appropriée, incluant des soins de la plaie rigoureux, une hydratation adéquate, une protection solaire, une compression et une physiothérapie, est essentielle pour prévenir les complications et améliorer les résultats à long terme․ La surveillance attentive des cicatrices et la consultation régulière d'un médecin sont également importantes pour dépister et traiter les problèmes potentiels․

Bien que cet article offre un aperçu complet des maladies de la peau causées par les brûlures, il est important de se rappeler que chaque cas est unique․ Un diagnostic et un traitement personnalisés par un professionnel de la santé qualifié sont essentiels pour obtenir les meilleurs résultats possibles․

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