La perte de cheveux, un phénomène touchant hommes et femmes de tous âges, peut susciter de vives inquiétudes. Si une certaine quantité de cheveux perdue quotidiennement est normale, un changement notable dans la densité capillaire, une chute soudaine ou des symptômes associés peuvent justifier une consultation dermatologique. Comprendre les différentes causes, les signes d'alerte et les options de traitement est crucial pour une prise en charge efficace.

I. Comprendre la chute de cheveux : Généralités et causes

A. Le cycle de vie du cheveu

Le cheveu suit un cycle de vie comprenant trois phases principales :

  • Phase anagène (croissance) : Dure de 2 à 7 ans, durant laquelle le cheveu pousse activement.
  • Phase catagène (transition) : Phase courte (2-3 semaines) où la croissance s'arrête.
  • Phase télogène (repos) : Dure environ 3 mois, le cheveu est au repos avant de tomber et d'être remplacé par un nouveau cheveu en phase anagène.

Il est normal de perdre entre 50 et 100 cheveux par jour, correspondant aux cheveux en phase télogène. Une perturbation de ce cycle peut entraîner une chute de cheveux excessive.

B. Les causes courantes de la chute de cheveux

Les causes de la chute de cheveux sont multiples et peuvent être classées en plusieurs catégories :

1. Alopécie androgénétique (calvitie commune)

C'est la cause la plus fréquente, touchant principalement les hommes mais aussi les femmes. Elle est due à une combinaison de facteurs génétiques et hormonaux (dihydrotestostérone ‒ DHT). Chez les hommes, elle se manifeste généralement par un recul de la ligne frontale et une perte de cheveux au niveau du vertex (sommet du crâne). Chez les femmes, elle se traduit par un éclaircissement diffus sur le dessus de la tête, tout en conservant la ligne frontale.

2. Effluvium télogène

Il s'agit d'une chute de cheveux temporaire, survenant généralement 2 à 3 mois après un événement stressant (accouchement, chirurgie, maladie grave, stress psychologique intense). Un grand nombre de follicules pileux entrent prématurément en phase télogène, entraînant une chute importante. Heureusement, cette condition est souvent réversible une fois le facteur déclenchant éliminé.

3. Alopécie areata

C'est une maladie auto-immune où le système immunitaire attaque les follicules pileux, entraînant des plaques de calvitie bien délimitées sur le cuir chevelu ou d'autres parties du corps. La cause exacte est inconnue, mais des facteurs génétiques et environnementaux pourraient jouer un rôle. Dans certains cas, la repousse des cheveux se fait spontanément, mais des traitements peuvent être nécessaires.

4. Facteurs hormonaux

Les fluctuations hormonales, notamment pendant la grossesse, l'accouchement, la ménopause ou en cas de troubles thyroïdiens, peuvent influencer la croissance et la chute des cheveux. Un déséquilibre hormonal peut perturber le cycle capillaire et provoquer une perte de cheveux temporaire ou prolongée.

5. Carences nutritionnelles

Un manque de certains nutriments essentiels, tels que le fer, le zinc, la biotine (vitamine B8) ou les protéines, peut affecter la santé des cheveux et favoriser leur chute. Une alimentation équilibrée et, si nécessaire, une supplémentation peuvent aider à corriger ces carences.

6. Médicaments

Certains médicaments, comme les anticoagulants, les antidépresseurs, les traitements contre l'hypertension artérielle ou la chimiothérapie, peuvent avoir comme effet secondaire la chute de cheveux. Il est important d'en informer votre médecin si vous constatez une perte de cheveux inhabituelle après avoir commencé un nouveau médicament.

7. Infections du cuir chevelu

Les infections fongiques, comme la teigne du cuir chevelu, peuvent provoquer une inflammation et une chute de cheveux localisée. Un traitement antifongique est nécessaire pour éradiquer l'infection et permettre la repousse des cheveux.

8. Traitements capillaires agressifs

Des pratiques capillaires agressives, telles que les décolorations répétées, les permanentes, les lissages chimiques ou l'utilisation excessive de sèche-cheveux et de fers à lisser, peuvent endommager la structure des cheveux et les rendre plus fragiles, favorisant ainsi leur chute. Le lavage excessif, la décoloration, le brossage et le coiffage à la chaleur peuvent aussi avoir un impact sur la quantité de cheveux qui tombent chaque jour. Une fois que votre follicule pileux a été étiré ou fendu à la suite d’un traitement capillaire cosmétique, sa structure est compromise.

9. Stress

Le stress peut contribuer à la perte de cheveux. Des événements stressants peuvent déclencher une alopécie télogène, une pathologie où un grand nombre de follicules pileux entrent en phase de repos, ce qui provoque une chute de cheveux importante. Bien que cette forme de calvitie soit souvent réversible, il est important de gérer le stress pour minimiser son impact sur la santé capillaire.

C. L'âge d'apparition de la calvitie

La calvitie, en particulier l’alopécie androgénétique, peut commencer dès la fin de l’adolescence ou au début de la vingtaine, mais elle devient plus fréquente à partir de la trentaine. Cependant, l’âge d’apparition peut varier en fonction des facteurs génétiques.

II. Signes d'alerte : Quand consulter un dermatologue ?

Il est conseillé de consulter un dermatologue si vous constatez l'un des signes suivants :

  • Chute de cheveux soudaine et importante : Perte de cheveux plus importante que d'habitude lors du brossage, du lavage ou au réveil.
  • Apparition de plaques de calvitie : Zones du cuir chevelu où les cheveux sont complètement absents.
  • Changement dans la texture des cheveux : Cheveux plus fins, plus fragiles ou cassants.
  • Démangeaisons, rougeurs, squames ou douleurs au niveau du cuir chevelu : Peuvent indiquer une infection ou une inflammation.
  • Perte de cheveux associée à d'autres symptômes : Fatigue, perte de poids, troubles hormonaux, etc.
  • Antécédents familiaux de chute de cheveux importante : Prédisposition génétique à l'alopécie androgénétique.
  • Inquiétude persistante concernant la perte de cheveux : Même si les symptômes semblent mineurs, une consultation peut vous rassurer et vous aider à identifier d'éventuels problèmes sous-jacents.

III. Diagnostic et traitements proposés par le dermatologue

A. Diagnostic

Lors de la consultation, le dermatologue procédera à un examen clinique du cuir chevelu et des cheveux. Il vous posera des questions sur vos antécédents médicaux, vos habitudes capillaires, votre alimentation et votre niveau de stress. Des examens complémentaires peuvent être réalisés pour affiner le diagnostic :

  • Trichogramme : Analyse des racines des cheveux pour évaluer le cycle capillaire.
  • Biopsie du cuir chevelu : Prélèvement d'un petit échantillon de peau pour examen microscopique.
  • Bilan sanguin : Recherche de carences nutritionnelles, de troubles hormonaux ou de maladies auto-immunes.

B. Traitements

Les traitements proposés dépendront de la cause de la chute de cheveux :

1. Traitements médicamenteux

  • Minoxidil : Lotion à appliquer directement sur le cuir chevelu pour stimuler la croissance des cheveux.
  • Finastéride : Médicament oral (uniquement pour les hommes) qui bloque la production de DHT, l'hormone responsable de l'alopécie androgénétique.
  • Corticostéroïdes : Prescrits en cas d'alopécie areata pour réduire l'inflammation.
  • Antifongiques : Pour traiter les infections du cuir chevelu.

2. Thérapies

  • Mésothérapie : Injections de vitamines, minéraux et acides aminés directement dans le cuir chevelu pour stimuler la croissance des cheveux.
  • Thérapie au laser de faible intensité (LLLT) : Utilisation de lasers ou de diodes électroluminescentes (LED) pour stimuler les follicules pileux.
  • Injection de plasma riche en plaquettes (PRP) : Injection de plasma prélevé sur le patient et enrichi en plaquettes, qui libèrent des facteurs de croissance stimulant la régénération des tissus.

3. Chirurgie

  • Greffe de cheveux : Prélèvement de cheveux sur une zone donneuse (généralement à l'arrière de la tête) et implantation sur les zones dégarnies.

4. Traitements naturels et compléments alimentaires

Les traitements naturels pour fortifier les cheveux incluent l’application de produits riches en nutriments comme l’huile de coco et l’huile de ricin. Des suppléments alimentaires contenant de la biotine, du zinc et des acides gras oméga-3 peuvent aussi maintenir les cheveux en bonne santé. Cependant, ces approches devraient être considérées comme complémentaires aux traitements médicaux prescrits par un professionnel de santé.

IV. Prévention et conseils pour maintenir des cheveux en bonne santé

Adopter une hygiène de vie saine et des habitudes capillaires douces peut contribuer à prévenir la chute de cheveux et à maintenir des cheveux en bonne santé :

  • Adoptez une alimentation équilibrée : Riche en fruits, légumes, protéines et graisses saines pour fournir les nutriments essentiels aux cheveux.
  • Gérez votre stress : Pratiquez des activités relaxantes comme le yoga, la méditation ou la marche en nature.
  • Évitez les traitements capillaires agressifs : Limitez les décolorations, les permanentes, les lissages chimiques et l'utilisation excessive de sèche-cheveux et de fers à lisser.
  • Utilisez des produits capillaires doux : Choisissez des shampooings et des après-shampooings adaptés à votre type de cheveux et sans sulfates ni parabènes.
  • Protégez vos cheveux du soleil : Portez un chapeau ou un foulard lors d'une exposition prolongée au soleil.
  • Massez votre cuir chevelu : Stimule la circulation sanguine et favorise la croissance des cheveux.
  • Soyez patient : Les traitements contre la chute de cheveux peuvent prendre plusieurs mois avant de montrer des résultats.

V. Conclusion

La chute de cheveux est un problème courant qui peut avoir un impact significatif sur la confiance en soi. Il est important de ne pas banaliser ce phénomène et de consulter un dermatologue si vous constatez des changements anormaux dans la densité ou la qualité de vos cheveux. Un diagnostic précis et une prise en charge adaptée peuvent permettre de ralentir, voire d'inverser la chute de cheveux et de retrouver une chevelure saine et abondante. Bien que la perte de cheveux androgénétique soit fréquente, elle n’est pas inévitable. Des traitements existent pour ralentir ou même inverser ce processus, notamment des médicaments, des thérapies topiques, et des changements de mode de vie. Une intervention précoce peut améliorer significativement les résultats, d’où l’importance de consulter un spécialiste dès les premiers signes de chute.

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